1.1. Paradigmes scientifiques et révolutions scientifiques
“La Structure des révolutions scientifiques”
Thomas Kuhn, dans son ouvrage “La Structure des révolutions scientifiques” (1962), propose une vision non linéaire du progrès scientifique. Selon lui, la science évolue par des phases alternées de “science normale”, dans laquelle un paradigme scientifique domine et structure les recherches, et de ”révolutions scientifiques” qui aboutissent à des changements de paradigmes.
- Un paradigme est une conception du monde, un ensemble de croyances, de valeurs et de techniques partagées par une communauté scientifique, qui guide la recherche et l’interprétation des données.
- La science normale est une période où les scientifiques travaillent dans le cadre d’un paradigme accepté, résolvant des problèmes selon les règles et les méthodes établies par ce paradigme.
- Les révolutions scientifiques se produisent lorsque des anomalies ou des problèmes insolubles s’accumulent au sein du paradigme existant, menant à une crise et à un changement de paradigme qui restructure la manière dont les scientifiques voient et interprètent le monde.
Exemples de Paradigmes et de révolutions scientifiques
- Le modèle géocentrique de Ptolémée : ce paradigme, qui plaçait la Terre au centre de l’univers, a dominé l’astronomie pendant des siècles. Le passage du modèle géocentrique de Ptolémée au modèle héliocentrique de Copernic, qui plaçait le Soleil au centre de l’univers, est un exemple classique de révolution scientifique.
- La mécanique newtonienne : Les lois de Newton sur le mouvement et la gravité ont constitué un paradigme central en physique classique. La théorie de la relativité d’Einstein a remplacé la mécanique newtonienne en introduisant de nouveaux concepts de temps et d’espace, marquant une révolution majeure en physique
Thomas Kuhn, La structure des révolutions scientifiques, 1962 |
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« Paradigme » est un terme qui a des liens étroits avec celui de science normale. En le choisissant, je veux suggérer que certains exemples reconnus de travail scientifique réel qui englobent des lois, des théories, des applications et des dispositifs expérimentaux fournissent des modèles qui donnent naissance à des traditions particulières et cohérentes de recherche scientifique. (…) Les hommes dont les recherches sont fondées sur le même paradigme adhèrent aux mêmes règles et aux mêmes normes dans la pratique scientifique. Cet engagement et l’accord apparent qu’il produit sont des préalables nécessaires de la science normale, c’est-à-dire de la genèse et de la continuation d’une tradition particulière de recherche. |
Expliquez comment fonctionne un paradigme scientifique selon T. Kuhn. |
Les paradigmes ne sont absolument pas corrigibles par les moyens de la science normale. Par contre, la science normale conduit finalement à la reconnaissance des anomalies et des crises. Et celles-ci se résolvent non par un acte de réflexion volontaire ou d’interprétation, mais par un événement relativement soudain et non structuré qui ressemble au renversement de la vision des formes. Les scientifiques parlent alors souvent d’ « écailles qui leur sont tombées des yeux » ou d’un « éclair » qui a « inondé de lumière » : une énigme jusque-là obscure, les rendant aptes à voir ces éléments sous un jour nouveau qui, pour la première fois, permet sa solution. |
Comment les paradigmes entrent-ils en crise, et comment de nouveaux paradigmes apparaissent-ils ? |
Les révolutions politiques commencent par le sentiment croissant, parfois restreint à une fraction de la communauté politique, que les institutions existantes ont cessé de répondre d’une manière adéquate aux problèmes posés par un environnement qu’elles ont contribué à créer. De semblable manière, les révolutions scientifiques commencent avec le sentiment croissant, souvent restreint à une petite fraction de la communauté scientifique, qu’un paradigme a cessé de fonctionner de manière satisfaisante pour l’exploration d’un aspect de la nature sur lequel ce même paradigme a antérieurement dirigé les recherches. Dans le développement politique comme dans celui des sciences, le sentiment d’un fonctionnement défectueux, susceptible d’aboutir à une crise, est la condition indispensable des révolutions. |
Qu’y a-t-il de commun entre une révolution politique et une révolution scientifique ? |