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Introduction : Qu’est-ce que la sensibilité ?

Sommaire

Les différentes sensibilités

Exercice

Classer les expressions suivantes dans un tableau

  1. Cet enfant est sensible, il pleure souvent.
  2. Les animaux sont des êtres sensibles.
  3. Je suis sensible à la beauté de cette peinture.
  4. Je ressens de la douleur.
  5. Je suis sensible à la douleur d’autrui, cela me fait pitié.
  6. Je me sens triste, aujourd’hui.
  7. Je me sens révolté par la pauvreté.
  8. Le rouge est une propriété sensible.
  9. Skier, quelle sensation de plaisir !
Sensation externe Sensation interne Sentiments
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-> Quand l’exercice est terminé, voir la carte mentale sur la sensibilité

Entendement et imagination

Définitions

L’entendement vient du latin intendere : « tendre vers », « prêter attention ». L’entendement désigne la faculté de comprendre, d’apercevoir, de saisir l’intelligible par la seule raison, par opposition aux sensations, qui demandent la participation du corps (les 5 sens). L’entendement se distingue de l’imagination, qui est la faculté de se représenter le réel sous forme d’images, et qui requiert l’intermédiaire de la sensation.

Pour illustrer cette différence entre entendement et imagination, René Descartes propose l’exercice suivant :

  1. Pouvez-vous imaginer un triangle ?
  2. Pouvez-vous imaginer un chiliogone (Polygone à 1000 côtés) ?
  3. Que pouvons-nous en conclure ?
Triangle : Alt text Chiliogone : Alt text
René Descartes, Méditations métaphysiques (1641)
Prenons pour exemple ce morceau de cire qui vient d’être tiré de la ruche : il n’a pas encore perdu la douceur du miel qu’il contenait, il retient encore quelque chose de l’odeur des fleurs dont il a été recueilli ; sa couleur, sa figure, sa grandeur, sont apparentes ; il est dur, il est froid, on le touche, et si vous le frappez, il rendra quelque son. Enfin, toutes les choses qui peuvent distinctement faire connaître un corps se rencontrent en celui-ci.
Mais voici que, cependant que je parle, on l’approche du feu : ce qui y restait de sa saveur s’exhale, l’odeur s’évanouit, sa couleur se change, sa figure se perd, sa grandeur augmente, il devient liquide, il s’échauffe, à peine le peut-on toucher, et quoiqu’on le frappe, il ne rendra plus aucun son. La même cire demeure-t-elle après ce changement ? Il faut avouer qu’elle demeure et personne ne le peut nier. Qu’est-ce donc que l’on connaissait en ce morceau de cire avec tant de distinction ? Certes ce ne peut être rien de tout ce que j’y ai remarqué par l’entremise des sens, puisque toutes les choses qui tombaient sous le goût, ou l’odorat, ou la vue, ou l’attouchement ou l’ouïe, se trouvent changées, et cependant la même cire demeure.
Peut-être était-ce ce que je pense maintenant, à savoir que la cire n’était pas ni cette douceur de miel, ni cette agréable odeur de fleurs, ni cette blancheur, ni cette figure, ni ce son, mais seulement un corps qui un peu auparavant me paraissait sous ces formes, et qui maintenant se fait remarquer sous d’autres. Mais qu’est-ce, précisément parlant, que j’imagine, lorsque je la conçois en cette sorte ? Considérons-la attentivement, et éloignant toutes les choses qui n’appartiennent point à la cire, voyons ce qui reste. Certes il ne demeure rien que quelque chose d’étendu, de flexible et de muable.
Or, qu’est-ce que cela : flexible et muable ? N’est-ce pas que j’imagine que cette cire, étant ronde, est capable de devenir carrée, et de passer du carré en une figure triangulaire ? Non certes, ce n’est pas cela, puisque je la conçois capable de recevoir une infinité de semblables changements et je ne saurais néanmoins parcourir cette infinité par mon imagination, et par conséquent cette conception que j’ai de la cire ne s’accomplit pas par la faculté d’imaginer.
Qu’est-ce maintenant que cette extension ? N’est-elle pas aussi inconnue, puisque dans la cire qui se fond elle augmente, et se trouve encore plus grande quand elle est entièrement fondue, et beaucoup plus encore quand la chaleur augmente davantage ? Et je ne concevrais pas clairement et selon la vérité ce que c’est que la cire, si je ne pensais qu’elle est capable de recevoir plus de variétés selon l’extension, que je n’en ai jamais imaginé.
Il faut donc que je tombe d’accord, que je ne saurais pas même concevoir par l’imagination ce que c’est que cette cire, et qu’il n’y a que mon entendement seul qui le conçoive ; je dis ce morceau de cire en particulier, car pour la cire en général, il est encore plus évident.
1. Quelles sont les différentes qualités sensibles que prend et perd la cire dans cet extrait ?
2. Que veut montrer Descartes en montrant les différents changements de qualité sensible du morceau de cire ?
3. Pourquoi est-ce l’entendement et non l’imagination qui nous permet de connaître la cire ?
4. SI la cire ne se définit pas par ses qualités sensibles, qu’est-ce qui la définit ?
Emmanuel Kant, Anthropologie d’un point de vue pragmatique (1863)
Le respect de tout le monde est pour l’entendement, comme l’indique déjà la dénomination de faculté supérieure de connaître qu’on lui donne. (…) Mais la sensibilité a mauvais renom. On en dit beaucoup de mal ; par exemple : 1. qu’elle jette dans la confusion la faculté représentative ; 2. qu’elle parle haut et d’un ton impérieux, tandis qu’elle ne devrait être que la servante de l’entendement (…) ; 3. qu’elle va même jusqu’à tromper, et qu’avec elle on ne peut être trop sur ses gardes.
(…)
Ce qu’il y a de passif dans la sensibilité, et dont nous ne pouvons cependant pas nous défaire, est la cause de tout le mal qu’on en débite. La perfection interne de l’homme consiste en ce qu’il tient en son pouvoir l’usage de toutes ses facultés, et qu’il peut le soumettre à son libre arbitre. Mais il est nécessaire à cet effet que l’entendement domine la sensibilité (…) sans toutefois l’affaiblir, attendu que sans elle il n’y aurait aucune matière susceptible d’être travaillée et mise à la disposition de l’entendement régulateur.
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[L’entendement désigne la faculté intellectuelle de comprendre, de concevoir, de saisir ce qui est intelligible, sans faire appel aux sensations et à l’imagination.]
1. En quoi la sensibilité s’oppose-t-elle à l’entendement ?
2. Pourquoi la sensibilité est-elle réputée être “confuse” ? Donnez un exemple de cela.
3. Pourquoi parle-t-elle d’un “ton impérieux” ? Donnez un exemple de cela.
4. Pourquoi se trompe-t-elle ? Donnez un exemple de cela.
5. Expliquez en quoi la sensibilité est passive et l’entendement, au contraire, libérateur.

Le problème de l’expression des sentiments

Exercice : problématiser une question

« Les mots peuvent-ils exprimer nos sentiments ? »

Analyser cette question et montrez en quoi elle pose problème.