Skip to main content Link Menu Expand (external link) Document Search Copy Copied

Introduction : Peut-on se trouver soi-même ?

Sommaire

Entretien avec la poétesse Etel Adnan, janvier 2011

Etel Adnan (1925-2021) est une poètesse syro-franco-américano-libanaise, écrivaine et artiste visuelle ; polyglotte, elle écrit en français, en anglais et en arabe.

Nietzsche : la connaissance de soi, quête obscure et dangereuse

Lire le texte et répondre

  1. Pourquoi, selon Nietzsche, la connaissance de soi est « une chose obscure et voilée » ?
  2. Pourquoi est-ce une quête « pénible et dangereuse » ?
  3. Comment, finalement, peut-on se connaitre soi-même ?
NIETZSCHE, Considérations inactuelles (1873)
Mais comment nous retrouver nous-mêmes ? Comment l’homme peut-il se connaître ? C’est une chose obscure et voilée. Et s’il est vrai que le lièvre a sept peaux, l’homme peut se dépouiller de soixante-dix fois sept peaux avant de pouvoir se dire : « Voici vraiment ce que tu es, ce n’est plus une enveloppe ». C’est par surcroît une entreprise pénible et dangereuse que de fouiller ainsi en soi-même et de descendre de force, par le plus court chemin, jusqu’au tréfonds de son être. Combien l’on risque de se blesser, si grièvement qu’aucun médecin ne pourra nous guérir ! Et de plus, est-ce bien nécessaire alors que tout porte témoignage de ce que nous sommes, nos amitiés comme nos haines, notre regard et la pression de notre main, notre mémoire et nos oublis, nos livres et les traits que trace notre plume ? Mais voici comment il faut instaurer l’interrogatoire essentiel entre tous. Que la jeune âme […] se demande : « Qu’as-tu vraiment aimé jusqu’à ce jour ? Vers quoi t’es-tu sentie attirée, par quoi t’es-tu sentie dominée et comblée à la fois ? » Fais repasser sous tes yeux la série entière de ces objets de vénération, et peut-être, par leur nature et leur succession, te révèleront-ils la loi fondamentale de ton vrai moi. Compare ces objets entre eux, vois comment ils se complètent, s’élargissent, se surpassent, s’illuminent mutuellement, comment ils forment une échelle graduée qui t’a servi à t’élever jusqu’à ton moi. Car ton être vrai n’est pas caché tout au fond de toi : il est placé infiniment au-dessus de toi, à tout le moins au-dessus de ce que tu prends communément pour ton moi.

Aristote : le miroir de l’amitié

Lire le texte et répondre

  1. Pourquoi la connaissance de soi est-elle, selon Aristote, très difficile ?
  2. Comment peut-on y parvenir ?
ARISTOTE, La grande morale (IVe s. av. J.-C.)
Apprendre à se connaître est très difficile (…) et un très grand plaisir en même temps (quel plaisir de se connaître !) ; mais nous ne pouvons pas nous contempler nous-mêmes à partir de nous-mêmes : ce qui le prouve, ce sont les reproches que nous adressons à d’autres, sans nous rendre compte que nous commettons les mêmes erreurs, aveuglés que nous sommes, pour beaucoup d’entre nous, par l’indulgence et la passion qui nous empêchent de juger correctement. Par conséquent, à la façon dont nous regardons dans un miroir quand nous voulons voir notre visage, quand nous voulons apprendre à nous connaître, c’est en tournant nos regards vers notre ami que nous pourrions nous découvrir, puisqu’un ami est un autre soi-même. Concluons : la connaissance de soi est un plaisir qui n’est pas possible sans la présence de quelqu’un d’autre qui soit notre ami ; l’homme qui se suffit à soi-même aurait donc besoin d’amitié pour apprendre à se connaître soi-même.